En tant que parents ou même en temps que professionnels de l’éducation, vous entendez peut-être souvent parler des fonctions exécutives. Les fonctions exécutives sont un sous-ensemble des fonctions cognitives de notre cerveau. Si elles dysfonctionnent alors nous pouvons avoir des difficultés à apprendre, à mémoriser, à réguler notre attention. Il est donc important de les connaitre pour mieux aider les apprenants à comprendre leurs difficultés dans leurs apprentissages et à trouver des solutions pour y remédier.
Les fonctions exécutives : c'est quoi?
Le contrôle exécutif est la capacité de consciemment adapter sa pensée et ses actions face à une situation non anticipée et donc nouvelle. Nous faisons tous face dans notre quotidien à des situations nouvelles pour lesquelles nous n’avons pas mis en place d’automatismes ou de routines.
Les fonctions exécutives sont donc un ensemble d’habiletés nécessaires à la réalisation d’un comportement dirigé vers un but. Par exemple, vous conduisez sur une route en mode « automatique » quand soudain, un animal traverse la route. Vous allez alors activer un ensemble de fonctions dans votre cerveau qui vont vous permettre d’éviter cet animal.
On peut comparer les fonctions exécutives à la tour de contrôle de nos pensées et de nos actions. Ces compétences nous permettent au mieux de gérer les quotidiens.
Les fonctions exécutives sont en lien direct avec le cortex préfrontal qui est en importante maturation dans les premières années de vie de l’enfant. Pour rappel, ce cortex le lobe préfrontal est le siège de la régulation émotionnelle, de l’apprentissage, des expériences et de la mémoire. Il commence la consolidation de ses réseaux de neurones à partir de 7 ans et est mature vers 25 ans.
Globalement, tous les jours, à chaque fois que l’on fait quelque chose, que l’on apprend quelque chose, les fonctions exécutives interviennent de façon prépondérante dans le fonctionnement global du cerveau. Elles sont donc essentielles à notre pensée et à nos actions.
Il existe de nombreuses fonctions exécutives.
- Des fonctions dites « froides » (cold) : la planification, la capacité d’abstraction, le contrôle attentionnel, l’inhibition, la flexibilité cognitive et la mémoire de travail.
- Des fonctions dites « chaudes » (hot) : la régulation émotionnelle, la prise de décision affective, et la cognition sociale.
Je n’en retiens ici que quelques unes qui sont les principales.
1 - L'inhibition
L’inhibition est la capacité de résister à une envie ou une impulsion. Pour les apprentissages, l’inhibition est la capacité à bloquer un processus automatique pour changer de stratégie. C’est une fonction extrêmement importante, presque centrale, voire prioritaire puisqu’elle intervient sur toutes les autres fonctions exécutives.
Un exemple simple, si vous êtes face à un policier qui vous met une amande, vous allez faire appel à votre contrôle inhibiteur pour ne pas vous énerver ou l’insulter. Notre contrôle inhibiteur est notre allié qui nous permet de résister à aller jeter un oeil sur son compte Facebook alors que l’on est en train de réaliser un exercice de maths par exemple.
Apprendre c’est apprendre de nouvelles connaissances mais c’est aussi être capable d’inhiber de vieilles connaissances. Pas si facile cependant : l’inhibition n’est pas tout le temps acquise car elle demande un effort cognitif plus intense que le simple rappel d’information.
En classe, les erreurs persistantes de certains élèves pourraient être dues à un manque d’inhibition. Par exemple, un élève écrira « Les chiens mangeS les chats » parce qu’il aura retenu que pluriel=S. Il devra donc à un moment faire appel à son contrôle inhibiteur pour changer son point de vue et appliquer une nouvelle règle (l’accord du verbe avec son sujet ici) et ainsi pouvoir corriger sa faute.
Retrouver ci-dessous une vidéo d’Olivier Houdé qui nous apprend qu’il est essentiel de résister à nos automatismes pour apprendre.
Si vous souhaitez en savoir plus, je vous invite à lire cet ouvrage d’Olivier Houdé : Apprendre à résister.
2 - La flexibilité mentale
La flexibilité mentale est la capacité de passer d’un comportement à un autre en fonction des exigences de l’environnement. Cette capacité favorise l’adaptation à toutes sortes de situations.
On distingue deux types de flexibilité mentale:
- la flexibilité comportementale : c’est adapter notre comportement ou nos actions selon la modification de l’environnement. Un enfant qui a beaucoup de mal à gérer les transitions (s’arrêter de jouer pour passer à table par exemple) aura besoin que l’on l’accompagne afin de développer sa flexibilité comportementale.
- la flexibilité cognitive : c’est l’habileté à résoudre des problèmes de manière flexible. La flexibilité est essentielle pour résoudre des problèmes de manière créative. Sans cela, on applique toujours les mêmes stratégies qui s’avèrent inadaptées pour résoudre un problème. A l’école, cette flexibilité va également permettre de faire le lien avec le cours qu’on a appris et l’exercice et de changer son point de vue en fonction de nouvelles informations.
3 - La mémoire de travail
La mémoire de travail est une mémoire à très court terme et de capacité limitée puisque un adulte peut retenir 7 choses à la fois alors qu’un enfant de trois ans ne peut en retenir que 2.
La mémoire de travail est un peu la même chose qu’une mémoire vive dans un ordinateur. Elle va permettre de traiter très rapidement un certain nombre d’informations soit pour les stocker en mémoire à long terme soit pour résoudre un problème. La mémoire de travail est très dynamique et est liée aussi à la vitesse avec laquelle on va traiter l’information. La capacité étant limitée, quand les informations stockées en mémoire de travail ne sont plus utiles, il faut également savoir la rafraîchir pour laisser la place à de nouvelles informations.
Un enfant qui a des difficultés avec la mémoire de travail aura du mal à retenir les consignes si elles sont nombreuses par exemple.
La mémoire de travail est étroitement liée également aux capacités d’attention. Si des éléments de distraction viennent se rajouter à la mémoire de travail et s’ils ne sont pas filtrés, la mémoire de travail sature. Elle est comme un bus avec 7 places et pour lequel on ne pourrait pas permettre à une huitième personne de monter dans le bus.
4 - La planification
La planification va permettre d’anticiper des événements futurs, de mettre en ordre les étapes pour la réalisation d’un problème ou d’une tâche à mener. Elle permet également d’estimer le temps nécessaire à la réalisation d’une tâche.
La planification aide à prévoir les étapes à suivre pour atteindre un objectif. Face à une activité, notre cerveau découpe les actions pour aller au bout d’une action.
Un enfant ayant des troubles au niveau de la planification pourra par exemple avoir des problèmes au niveau de l’expression orale et de la syntaxe : ces phrases sont des mots les uns derrière les autres sans cohérence. Un autre enfant aura du mal avec la gestion du temps : ne saura pas se situer dans la semaine, ne saura pas distinguer ce qui est présent de ce qui est passé.
5 - Les autres fonctions exécutives
Ils existent d’autres fonctions exécutives importantes mais que je ne détaillerai pas ici aujourd’hui.
- L’initiation ou l’activation qui permet de se mettre au travail de manière autonome
- Le contrôle de la tâche qui est la capacité à surveiller la réussite ou l’échec d’une tâche afin de pouvoir se réajuster
- La régulation émotionnelle est la capacité à de s’ajuster à une situation en fonction de ses émotions.
Vous pouvez également trouver plus d’informations sur le site Internet de Céline Alvarez : Les fonctions éxécutives : 3 compétences clés.
1 réflexion sur “Les fonctions exécutives : comprendre son cerveau pour mieux apprendre”
Tres intéressant et synthétique. Merci